Pourquoi les grandes tailles restent-elle invisibles dans la mode éthique ?

Pourquoi les grandes tailles restent-elle invisibles dans la mode éthique ?

C’est un paradoxe qui a la dent dure.

La mode éthique revendique des valeurs de bienveillance, de liberté, de respect. Elle parle souvent d’empouvoirement, de ralentissement salutaire, de remise en question. Mais lorsqu’on observe les portants (et surtout les tailles disponibles) une question s’impose : où sont les grandes tailles ?


Parce que oui, quand on dépasse un 46, la quête du vêtement éthique devient souvent un jeu de piste. Quelques pièces XXL par-ci, un vague “oversize” par-là… mais très peu de propositions pensées vraiment pour les corps qui sortent du cadre tel que l'entend le marketing de masse.


Et si on arrêtait de tourner autour du pot ?

Et si on regardait en face cette drôle d’invisibilisation, dans un secteur qui prétend justement faire mieux ?

Une promesse d’inclusion… qui s’arrête à la taille 44 ?

Depuis quelques années, les marques responsables fleurissent. Matières bio, confection locale, storytelling inspirant. L’intention est là, le discours est soigné, les efforts réels et tangibles. 

Mais sur les portants, la diversité des corps peine à s’imposer.

Le plus souvent, les tailles s’arrêtent au 42, au 44 quand on a de la chance. Parfois un 46 présenté comme “grande taille”. On est loin, très loin, de la réalité des corps.
Et encore plus loin de ce que cette mode pourrait être : un lieu d’émancipation, de joie, de réconciliation.

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Des freins bien réels… mais pas indépassables

C'est vrai : créer pour toutes les morphologies demande plus de travail.
Patronner en grande taille ne se résume pas à “agrandir un vêtement” : il faut repenser les coupes, les proportions, parfois les détails de fabrication. Ça coûte plus cher, ça prend plus de temps. Et dans des ateliers à taille humaine, chaque modification compte.

Mais ces contraintes ne devraient jamais devenir des excuses.
Car derrière elles, se cachent aussi des freins plus profonds, fruits de notre société grossophobe : des imaginaires trop stéréotypés, des normes esthétiques toujours bien installées, une peur de “ne pas être assez désirable” sur Instagram.

Résultat ? Des corps exclus d’un mouvement qui aurait pourtant tout à gagner à les accueillir.

La représentation : plus que des tailles, une question de regard

 

Invisibiliser les corps gros, c’est aussi invisibiliser les histoires, les réalités, les identités qu’ils portent.
C’est refuser à une partie de la population le droit de se sentir belle, stylée, puissante dans ses vêtements — y compris quand ceux-ci sont faits main, en coton bio ou cousus à 200 km de chez soi.

L’inclusion ne devrait jamais être une tendance. Preuve en est, la tendance a changé, et le body-positive prôné par de nombreuse marques hier est relégué à un vague souvenir aujourd'hui.


S'adresser à tous les corps, c’est un choix. Un parti-pris qui est aujourd'hui politique, mais qui devrait être en réalité normal, non questionnable.

Et chez Socrate est une fille ?

Chez Socrate, on ne prétend pas avoir tout résolu (on aimerait bien pourtant !). Mais on avance, on essaie de faire mieux.
Nos pièces sont pensées dès leur création pour épouser plusieurs types de corps — vraiment. On fait évoluer les tailles selon les retours, on travaille, on ajuste, on apprend, on écoute.

Parce qu’on croit fermement à une mode qui n'exclue pas.

Et parce qu’on sait que quand on se sent bien dans un vêtement, on ose plus, on vit mieux, les journées sont plus légères. Peu importe le chiffre sur l’étiquette.

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En conclusion : il n'y a pas d'éthique sans inclusivité.

La mode responsable a encore du chemin à faire. Mais elle a une chance unique : celle de tout repenser, autrement. De bousculer les codes, de remettre en question des façons de faire.
Alors faisons en sorte que le mot “éthique” ne soit pas synonyme d’élitisme ou de grossophobie déguisée.
Faisons en sorte qu’il rime aussi avec diversité & corps pluriels.

 

Photos : collections 2023 & 2024, par Camila Garcia

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